Le 20 mars 2024, un affrontement sanglant a opposé deux villages voisins dans la sous-préfecture de Beindou, située à 20 kilomètres de la commune urbaine de Kissidougou. Il s’agit des villages de Beldou et de Gbandangba qui se tiraillent autour d’un domaine agricole depuis les années 50. Malgré deux décisions de justice rendues dans cette affaire, les deux parties restent campés sur leurs différentes positions, revendiquant chacune la paternité du domaine litigieux.
Le mercredi 20 mars dernier, les deux communautés, séparées seulement d’un kilomètre et demi, se sont attaquées à coup de machettes. On dénombre plusieurs blessés enregistrés dans les deux camps qui reçoivent actuellement des soins à l’hôpital préfectoral de Kissidougou.
ce lundi 25 mars 2024, devant la presse locale.
‘’Évidemment, le mercredi 20 mars, j’étais au bureau quand j’ai entendu les cris de détresse dans la cour du Tribunal. Alors, je suis sorti et j’ai vu un groupe de femmes en pleurs, mais à côté, j’ai vu aussi des jeunes qui portaient des blessures. En même temps, ce groupe a demandé mon intervention au motif qu’un village voisin se serait attaqué à eux. Aussitôt, j’ai fait appel à la compagnie de la gendarmerie de Kissidougou et quand j’ai pris langue avec le médecin qui s’occupait des blessés, ce dernier m’a fait savoir que la plupart ont reçu des coups de machettes.
En effet, avec la permission du procureur général près la cour d’appel de Kankan, je me suis rendu personnellement dans les deux villages notamment Beldou et Gbandangba, histoire de rassurer leurs habitants certainement terrifiés et craignant d’éventuelles représailles. Devant les deux communautés, je n’ai pas manqué d’exprimer ma volonté ardente de poursuivre tous les auteurs mais aussi tous les commanditaires de ces incidents. A date, les enquêtes ont été menées et plusieurs personnes ont été interpellées. A l’heure où je vous parle, plusieurs suspects y compris les chefs des deux villages sont sous mandat de dépôt à la maison d’arrêt et de correction de Kissidougou. D’ailleurs, je vous informe que la procédure a été déferrée à mon parquet et tout est fin prêt pour que ce procès s’ouvre dès ce mardi 26 mars 2024’’, a-t-il promis.
Sur l’origine de cette affaire qui a connu plusieurs rebondissements, le chef du parquet du TPI de Kissidougou raconte. ‘’Retenez que c’est un dossier qui ne date d’aujourd’hui, c’est un vieux conflit qui oppose ces deux villages et aucun d’eux ne veut s’avouer vaincu dans ce dossier. Déjà, le 30 janvier 1956, le tribunal de Kissidougou, alors tribunal de premier degré, s’était prononcé sur cette affaire. Egalement, en 2008, il y a eu une décision du tribunal sur ce dossier. Tout récemment, toujours dans la même contrée, mon parquet a été saisi des cas de vol de récolte et d’abattage d’arbres ; donc, nous avons saisi un juge d’instruction qui travaille là-dessus. Déjà, 10 citoyens des deux villages étaient inculpés et sont actuellement sous les verrous. C’est à notre grande surprise que nous avons appris des affrontements autour du même domaine. Alors, nous avons décidé de prendre nos responsabilités pour sévir, afin que de tels incidents malheureux ne surviennent plus dans le futur entre ces deux communautés’’, a-t-il déclaré.
Selon le procureur, ce conflit a foncièrement contribué à détériorer les relations entre ces deux communautés à telle enseigne que les mariages sont bannis entre les deux villages. Espérons que le procès qui s’ouvre demain mardi sonne le glas de cette vieille crise pour qu’enfin, la quiétude règne dans ces deux communautés.
Depuis Kissidougou, Ousmane Nino SYLLA, pour Lerevelateur224.com.
