Bah Oury: La métamorphose du pouvoir
Le Premier ministre de la transition a déclaré sur Rfi qu’il a la confiance du Général Mamadi Doumbouya, alors que l’opinion en doute fort, rien de ce qu’il a dit de la composition de son équipe notamment le quota réservé à la gent féminine, n’ayant été confirmé, le mandat qu’il a prétendu avoir reçu du Président de la transition pour rétablir les médias dans leurs droits, démenti, avec leur muselement total et spectaculaire par la suite.
Bah Oury qui ne veut pas paraître affaibli ni désavoué, perdre la face non plus, tente, désespérément, de reprendre en main la situation en endossant la responsabilité des actes posés et des décisions prises. Vaille que Vaille, il veut faire bonne figure, bon cœur contre mauvaise fortune.
Le Président de l’UFDG qui l’a connu et a partagé avec lui quelques moments forts de la vie politique a essayé de le dédouaner un tant soit peu en laissant entendre que les décisions sont prises ailleurs qu’à la Primature et qu’en réalité Bah Oury n’est qu’un faire-valoir obligé de jouer à l’avocat du diable. Mais, Bah Oury lui a répondu qu’il est un acteur qui compte et fait partie intégrante du processus contrairement à l’opinion répandue et à toutes les idées reçues.
Le Premier ministre, à ce stade de sa vie et dans ses fonctions fait savoir ainsi qu’il n’a pas besoin d’excuses ni ne sollicite aucune circonstance atténuante. Avis à ceux qui voudraient le plaindre ou s’apitoyer sur son sort. L’histoire le retiendra et le moment venu, il en sera tenu compte.
Amadou Oury Bah ne semble guère préoccupé de plaire à l’opinion comme avant, il est Premier ministre, il veut le rester. Il ne s’attendait pas à pareil cadeau, ne pouvait espérer tant de bonté divine et il n’y aura pas certainement mieux dans l’avenir maintenant qu’il est arrivé au sommet de l’Etat au soir de sa vie. Alors, il joue son va-tout et s’emploie à avoir la meilleure relation avec le Président du CNRD auquel il doit tout désormais en multipliant les gages à son endroit, quitte à sacrifier son passé militant, à abandonner ses convictions d’hier, à marcher sur ses soutiens, amis et partenaires d’infortune parmi lesquels les politiques, les hommes et femmes des médias du pays. Maintenant que les intérêts divergent, les chemins ne peuvent plus être les mêmes. A chacun de le comprendre, enfin.
Les acteurs politiques et les vecteurs d’opinion, les contradicteurs et opposants du CNRD, tous ces empêcheurs de tourner rond, sont tous dans la ligne de mire de l’homme politique devenu Premier ministre. Le Premier ministre en exercice ne fait pas dans la dentelle : il est intraitable dès qu’il est indexé ou que la transition est stigmatisée.
Dans sa dernière interview à Rfi qui est de nature plus inflammatoire que tout ce qu’il pourrait reproché aux journalistes guinéens, il s’en prend encore aux médias nationaux qu’il soupçonne de vouloir déstabiliser le pays, juge incapables de respecter leurs engagements, qu’il estime ont le sort mérité. D’ami et d’avocat de la presse, il en devient l’adversaire déclaré et pourfendeur officiel.
Les politiques ne sont pas logés à une meilleure enseigne. Soit, ils rentrent dans les rangs et se conforment à l’agenda, au rythme et objectifs du CNRD inconnus de lui-même qui vient d’embarquer dans le navire, ou alors ils seront traités à la marge, exclus de la marche de la transition, de l’histoire en cours et de l’avenir immédiat. Pour tous, c’est à prendre ou à laisser. La légitimité et la force sont d’un seul côté, celui du pouvoir qu’il incarne, et exerce en partie pour un temps forcément limité et éphémère.
Après toutes les invectives lancées contre tous, les mauvais points distribués à chacun, il ne reste plus qu’à rappeler au héraut de CNRD que beaucoup voyaient en ami, modèle, rempart avant de goûter aux délices de la Primature, qu’aucun dirigeant n’a survécu au temps, n’a eu raison de tout le monde.
Le pouvoir change et aveugle, la passion détruit. Voilà pourquoi un homme manifestement isolé et notoirement impopulaire, n’ayant jamais été élu, qui n’a jamais brillé sur le terrain politique avec de bons scores à des élections nationales, affirme, tout de go, exalté, dans un excès de confiance flagrant qu’il a l’adhésion de l’écrasante majorité des populations clairement hostiles à son régime et à lui-même “. De l’humour noir ou déni de la réalité ?
“La plupart des hommes au pouvoir deviennent des méchants”.
Platon a anticipé la vie que nous connaissons avec des personnes qui paraissaient bonnes et exemplaires avant que le pouvoir ne révèle au grand jour leur vraie nature et leurs intentions longtemps refoulées. Qui vivra, verra encore !
Thierno hassan sacko.