On a applaudi , inconsciemment, un coup d’Etat considéré comme un crime en démocratie, plébiscité à la tête du pays, des militaires qui ne doivent jamais sortir de leurs casernes , ni se lancer dans quelque chose de différent et de très éloigné de leur mission sacrificielle de sentinelle de la République et du territoire national, de verrou de sécurité pour les personnes et des biens. Une Armée, sous tous les cieux, ici et ailleurs, n’a pas pour vocation de gouverner ni ne dispose des aptitudes, des compétences requisees pour diriger un Etat. Les militaires au pouvoir, c’est toujours un dangereux avatar et un terrible saut dans l’inconnu. Ce n’est pas souhaitable ni bienvenu en République et en Démocratie. Et lorsque cela arrive, malgré tout, par un pur hasard de l’histoire ou un accident politique, c’est le sauve qui peut dans l’enfer garanti pour tous qui suivra, inexorablement. Nous y sommes !
Jour après jour, on a observé dans l’indifférence de la complicité et la résignation des faibles, les actes d’oppression dont certains ont été victimes, cautionné les injustices flagrantes infligées à d’autres. On a regardé et laissé faire, par calcul, pour un intérêt particulier, parfois, tout simplement par lâcheté.
Chacun s’est préoccupé de lui-même et ne s’est senti en rien concerné par les cris de coeur et de détresse des personnes brimées. On a été tous les témoins de la descente aux enfers du pays alors qu’il nous revenait de nous y opposer, corps et âme. Mieux vaut toujours prévenir que guerrir. C’est de notre faute à tous, tout ce qui nous arrive maintenant parce qu’à un moment donné, on a été chacun, soit complaisant, soit accomodant, si ce n’est un ami et un partenaire aux autorités en place. Bref, nous avons fait le lit de la dictature et donner le couteau pour nous égorger en nous terrant, en nous taisant.
Et, voilà où on en est tous arrivés, à ce stade, à cette heure: séquestrés, emprisonnés, exilés, baillonnés, humiliés, bannis, pietinés, bafoués dans notre honneur, privés de droits élémentaires et de libertés rudimentaires. Puisqu’on est tous coincés à présent et forcés à choisir entre la capitulation qu’on veut nous imposer et notre instinct qui nous interpelle pour mener le combat de la survie, chacun va penser à s’allier à l’autre pour qu’ensemble, on se libère des infamies de la tyrannie.
Qui a peur n’obtiendra jamais rien, qui renonce à lutter se condamne à un triste destin d’homme vil et veule. Le courage fait toujours tomber dictatures et dictateurs. Essayons, nous verrons !
Par Habib Marouane Camara, éditorialiste.